dimanche 26 mai 2013

Assane et Ousséni Ouattara, entre tradition et art contemporain

Assane et Ousséni Ouattara

Plusieurs classes de notre école ont visité l'exposition des frères Ouattara intitulée  :

"Masques, entre tradition et art contemporain"

C'était du 10 au 27 avril 2013, à l'Institut français.

un clic sur le diaporama 
pour survoler l'exposition


Les CM2 ont interviewé les deux artistes plasticiens. Voici le texte de cette interview qu'ils ont retranscrit à partir de l'enregistrement audio :





Masque biface bobo (traditionnel)

Etes-vous des jumeaux ? 

-Oui, nous sommes des jumeaux.



Est-ce que vous avez d’autres frères ?

-Oui, nous avons d’autres frères et sœurs. Mais nous sommes les ainés de notre famille.



Est-ce que c’est difficile de travailler à deux ?

-Nous aimons travailler ensemble. On ne s’entend pas bien tous les jours, mais celui qui a de bonnes idées, c’est lui le chef.
-Et s’il n’a pas de bonnes idées, c’est l’autre  qui devient le chef.


Masque "oryctérope"
 
Est-ce que ce serait difficile si jamais vos enfants vous demandaient de leur apprendre à faire des masques ?

-C’est facile, tous nos enfants commencent à connaitre les masques. Nous ne les obligeons pas à faire comme papa, mais nous voulons qu’ils soient meilleurs que nous.

-On est des artistes, mais on ne veut pas les forcer à faire le même métier.

-C’est leur choix, s’ils veulent être artistes pas de problème.

-En tout cas, il faut qu’ils nous dépassent dans la vie. Il ne faut pas qu’ils soient comme nous. Si eux aussi deviennent des artistes, on veut qu’ils soient meilleurs que nous.

-C’est la joie de tout papa, puisque tout le monde veut que ses enfants partent très loin en travaillant bien à l’école.

-Parce qu’il ne faut pas ressembler à papa. Il faut le dépasser. Comme ça, on est fier. Par exemple le fils peut dire à ses amis: « Mon père est infirmier, mais moi je suis médecin ».

-C’est comme ça ! Si ton père est comédien, il faut être réalisateur.


Masque "crocodile" (détail - le modèle traditionnel est en noir et blanc)


Est-ce que vous êtes musulmans ?

-Oui, nous sommes musulmans, mais aussi animistes. Nous appartenons à la religion traditionnelle. Avant d’être chrétiens ou musulmans, en Afrique, on était de la religion traditionnelle.

-C’est-à-dire la religion des masques. Le christianisme et l’islam ont été apportés.


"La confrontation"
 
Quand avez-vous eu envie de faire des masques ?

- Cela fait une vingtaine d’années que nous avons eu envie de faire des masques.

-Puisque nous sommes natifs de Bobo, l’influence de la ville de Bobo nous a donné envie de faire des masques.

-Notre démarche consiste à chercher des informations liées aux masques, aux statues et à tout autre objet animé par la joie, le geste et la lumière.

-Cela nous amène à faire un travail pédagogique parce que nous trouvons que le domaine des masques n’est pas assez connu ni assez mis en valeur.   


"Le câlin"


Est-ce que vous avez encore de l’inspiration ?

-Comme toujours, notre vie c’est les masques. Nous avons des croquis qui sont là depuis des années, et l’Afrique regorge de masques.





Est-ce que vous êtes contents de vos œuvres ?

-Nous sommes  très contents de nos œuvres. Nous les aimons comme nos bébés.

-C’est comme nos bébés… Enfin, c’est une façon de parler.


"L'obssession"(à gauche) et "La sérénité" (d'après une statue funéraire lobi)
 
Qu'est-ce-qui vous a donné envie de mélanger l'art contemporain et l'art traditionnel ?

-Nous pensons que la culture doit être dynamique, qu'il ne faut pas se renfermer dans sa bulle. Il faut regarder chez l'autre et prendre ce qu'il a de bien, et l'autre aussi doit prendre ce qu'il y a de bien chez toi.

-Comme ça, petit à petit, on peut éliminer le racisme. Le racisme touche les personnes qui n'ont pas une grande ouverture d'esprit. C'est comme une séparation d'avec soi-même, alors que l'homme doit être ami avec lui-même. 



Masque "bufflesse" (la polychromie est contemporaine)
 

Est-ce-que vous avez choisi les masques que vous avez mis dans votre exposition ? 

-Oui,  on ne choisit pas les masques au hasard, ni leur emplacement. L’artiste, c’est l’ordre car l’ordre c’est très important. Pour l’artiste, c’est l’harmonie parfaite avec lui-même.






"bufflesse" (détail)

 

Est-ce que vous avez vendu des masques à Bobo ?

-Ici, c’est une expo-vente, mais ce n’est pas affiché.

-Nos œuvres, nous les vendons pour pouvoir continuer notre travail.

-Nous ne faisons que ça. On vit de ça. Mais l’objectif premier, ce n’est pas de vendre, l’objectif premier c’est de partager et de montrer notre travail.

-Mais si ça s’achète, cela ne nous fait pas de mal.

 


"La reine mère"

 
Mais vous  n’avez pas de masque  préféré que vous ne voulez pas vendre ?

-Il y en a beaucoup, mais ils sont chez nous. Ils vont partir un jour dans notre musée si on arrive à le réaliser. On a déjà le terrain on attend le financement.

-Ce qu’on veut faire, notre projet, c’est un musée. Nous allons le faire et nos œuvres vont rester dans ce musée.

-Même après nous, les gens vont continuer de venir voir ces masques et ces sculptures. Ils seront contents et nous, où que l’on sera, on sera contents aussi.  



"Le Molo" masque bobo (beaucoup plus grand que le modèle traditionnel)

Avez-vous  déjà exposé vos masques dans un autre pays?

-Oui on est allé en France. Pour notre dernière exposition nous étions à Villeneuve-lez-Avignon,  dans une église du 18e siècle qui se nomme « La Chapelle des Pénitents gris ». 


"L'initiation"